Ce chiffre est le plus élevé dans la République islamique depuis 2015, après un total de 333 exécutions en 2021, selon l’ONG Iran human rights (IHR) et Ensemble contre la peine de mort (ECPM).
La peine de mort comme outil « d’intimidation » en Iran. C’est l’analyse que font les ONG Iran human rights (IHR) et Ensemble contre la peine de mort (ECPM) en révélant une hausse massive des exécutions dans le pays secoué par des manifestations depuis le mois de septembre . En 2022, ces exécutions ont augmenté de 75 % avec 582 pendaisons, selon ces deux organisations de défense des droits humains.
Les autorités iraniennes ont violemment réprimé le mouvement de contestation, avec quatre pendaisons qui y sont directement liées , provoquant des condamnations à l’étranger. Le chiffre d’au moins 582 exécutions est le plus élevé dans la République islamique depuis 2015, après un total de 333 exécutions en 2021.
« Machine de mort »
La peine de mort a été, « une fois de plus, utilisée comme un ultime outil d’intimidation et d’oppression par le régime iranien dans le but de maintenir la stabilité de son pouvoir », estiment ces ONG dans un rapport conjoint publié jeudi. « Afin d’instiller la peur au sein de la population et de la jeunesse contestataire, les autorités ont intensifié les exécutions de prisonniers condamnés pour des raisons autres que politiques », précise le directeur d’IHR, Mahmood Amiry Moghaddam.
« Pour enrayer la machine de mort mise en place par le régime iranien, il faut que la communauté internationale et la société civile, qu’elle soit sur place ou non, montrent activement leur opposition à chaque fois qu’une personne est exécutée dans le pays », insiste-t-il. Le rapport affirme par ailleurs qu’une centaine de détenus sont actuellement soit condamnés à mort, soit poursuivis pour des accusations passibles de la peine capitale.
Le trafic de drogue en première ligne
Selon ces mêmes sources, le nombre de condamnations dans des dossiers de trafic de drogue a lourdement augmenté, alors que leur baisse, liée à un amendement en 2017 de la loi sur les trafics de narcotiques, avait entraîné un ralentissement important des statistiques jusqu’en 2021. Plus de la moitié des condamnés exécutés après le début des manifestations, et 44 % des exécutions enregistrées en 2022, étaient liés à des affaires de drogue. Soit le double des chiffres de 2021 et dix fois ceux de 2020.
Les auteurs du rapport dénoncent à cet égard la passivité de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). « Le manque de réaction de l’ONUDC et des pays qui y sont affiliés n’envoient pas le bon message aux autorités iraniennes. L’abolition de la peine de mort pour les crimes liés au trafic de drogue doit être posée comme une condition indispensable aux futures coopérations entre l’ONUDC et l’Iran », estime le directeur d’ECPM, Raphaël Chenuil-Hazan.
Disproportion chez les minorités
Selon le rapport, les membres de la minorité baloutche, principalement sunnite, représentent 30 % des exécutions alors qu’ils comptent pour seulement 2 à 6 % de la population nationale. Une telle disproportion est aussi notée chez les minorités kurdes et arabes.
La peine de mort est « un moyen de pression et, plus largement, un levier répressif pour gérer les problématiques sociales du pays », estime le rapport, selon lequel 288 exécutions, 49 % du total, ont été justifiées par des affaires de meurtre, le chiffre le plus élevé depuis 15 ans. Deux personnes, dont le manifestant Majidreza Rahnavard, ont été pendues en public, selon le communiqué. Au moins trois personnes exécutées étaient des mineurs et 16 des femmes.