Quatre ans jour pour jour après l’annonce de sa candidature à la Maison-Blanche, le président Biden a confirmé mardi par un message vidéo qu’il briguait un second mandat. « Finissons le travail, a-t-il proclamé à la fin de sa vidéo de trois minutes, je sais qu’on en est capables. »
L’annonce n’a surpris personne ici, cela faisait des mois que le 46e président laissait entendre qu’il serait candidat à sa succession. Certes, celui qui était déjà le plus vieux président jamais élu avait assuré en 2020 qu’il serait le « président de la transition entre générations » mais la transition… attendra. S’il est réélu, Biden aura 86 ans à la fin de son deuxième mandat.
« Je vais évidemment voter pour lui, soupire Ryan, un gérant d’immeubles du quartier de Chelsea à New York et un électeur démocrate, mais j’aurais vraiment préféré quelqu’un de plus jeune. » Il est loin d’être le seul. L’âge du président est sa principale faiblesse. D’après un sondage CNN, même les Démocrates qui approuvent son bilan ne souhaitaient pas qu’il se représente, à une forte majorité. À l’échelle nationale, 70 % des Américains estiment qu’il n’a pas l’énergie et l’acuité mentale nécessaires pour un deuxième mandat.
Biden ne peut pas cacher son âge : il marche avec précaution, il a des moments de confusion, son élocution, jamais exemplaire, peut être brouillonne… Il est d’ailleurs le président qui a donné le moins de conférences de presse. Mais ses médecins maintiennent qu’il est en bonne santé et il affiche une endurance hors du commun pour un octogénaire.
Comme il le rappelle dans sa vidéo, sur fond d’images de l’assaut de janvier 2021 contre le Capitole, Biden entend se présenter comme le rempart des libertés américaines, à un moment où, dit-il, elles sont menacées par les extrémistes républicains dans de nombreux domaines. « Nos libertés, il n’y a rien de plus important, rien de plus sacré, martèle-t-il, les protéger aura été le travail de mon premier mandat… »
Aucun « poids lourd » démocrate n’entend le défier
Les Américains approuvent en général son bilan à l’étranger, mis à part bien sûr le retrait calamiteux de l’Afghanistan. Son rôle fédérateur dans la riposte occidentale à l’agression russe en Ukraine, sa fermeté face à la Chine sont salués ici. Sur le plan économique, le bilan est contrasté : l’économie tourne à plein régime, oui, mais le taux d’inflation n’avait jamais été aussi élevé en quarante ans, jusqu’à ces derniers mois, où il ralentit un peu. Biden a également lancé de grands projets de réindustrialisation et de transition énergétique et il espère en récolter les fruits avant l’élection de novembre 2024…
Si Biden a des chances de l’emporter, c’est d’abord parce qu’aucun « poids lourd » démocrate n’entend le défier, en tout cas pour l’instant, ce qui évitera une lutte fratricide. À ce jour, deux candidats démocrates mineurs se sont déclarés : Robert Kennedy Jr. un avocat qui est le fils du ministre de la Justice assassiné en 1968. Son nom est mythique ici mais c’est un personnage controversé, partisan de théories complotistes. Et Marianne Williamson, une « conseillère spirituelle » qui s’était déjà portée candidate il y a quatre ans.
L’homme politique le plus clivant de ces dernières années est désormais en tête dans tous les sondages chez les électeurs républicains mais il plafonne à 37 % des intentions de vote dans l’opinion. Son rival le plus dangereux pour l’investiture républicaine, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, a beau jeu de rappeler qu’il ne s’est pas encore officiellement porté candidat, mais sa cote a dégringolé en quelques semaines, à la suite des assauts de Trump.