La journaliste E. Jean Carroll affirme que l’ex-président des États-Unis « l’a tripotée » et « violée » après l’avoir attirée dans la cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais au printemps 1996.
C’est un retour médiatique dont il se serait bien passé. L’ancien président américain, Donald Trump a été accusé mardi devant un tribunal civil de New York d’avoir violé une chroniqueuse de presse au milieu des années 1990. Des accusations vivement contestées par son avocat, qui a dépeint l’ancienne journaliste en affabulatrice avide d’argent et de célébrité.
Plus de 25 ans après les faits, neuf jurés, six hommes et trois femmes, sélectionnés mardi devant un tribunal fédéral de Manhattan, vont tenter de faire la lumière sur cette affaire, où s’affrontent deux versions diamétralement opposées. Témoin du caractère sensible du procès qui doit durer de cinq à dix jours, le juge Lewis Kaplan a garanti que les jurés verront leur anonymat préservé, pour éviter toute pression.
Un témoignage dans la foulée du mouvement #Metoo
La chroniqueuse E. Jean Carroll affirme que l’ex-président des États-Unis « l’a tripotée, pelotée et violée » après l’avoir attirée dans la cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais à une date dont elle ne se souvient plus mais qui remonterait « au printemps 1996 ».
« Au moment où ils ont été à l’intérieur (de la cabine), tout a changé. D’un coup, plus rien n’était drôle », a lancé l’une des avocates de la plaignante, Shawn Crowley, à l’ouverture des débats. « Trump faisait presque deux fois sa taille », a-t-elle ajouté.
L’avocate de la plaignante, Shawn Crowley, a expliqué que la chroniqueuse avait gardé le silence pendant 20 ans, de peur de voir sa réputation détruite par un homme puissant. Mais dans la foulée du mouvement #Metoo, celle qui écrivait dans le magazine Elle américain s’était décidée à parler dans un livre en 2019.
Deux amies, à qui E. Jean Carroll s’était confiée peu après les faits, viendront corroborer son récit à la barre. L’avocat de Donald Trump, Joe Tacopina, a fustigé « un affront à la justice ». « Elle abuse du système pour de l’argent, pour des raisons politiques et pour son statut », a-t-il poursuivi.
Donald Trump absent à l’ouverture des débats
Mais, conscient que la figure de Donald Trump, absent à l’ouverture des débats, et probablement durant tout le procès, pouvait susciter du rejet à New York, il a pris soin de lancer aux jurés : « Vous pouvez détester Donald Trump, c’est OK (…) Mais pas ici, dans un tribunal ». Le jury devra déterminer le montant des réparations à éventuellement allouer à l’écrivaine.
E. Jean Carroll avait d’abord déposé plainte en diffamation contre celui qui était président des États-Unis en 2019 parce qu’il avait qualifié de « mensonge complet » ses accusations. Ses avocats avaient affirmé qu’il était protégé, en 2019, par son immunité de chef d’État.
Mais en novembre 2022, est entrée en vigueur une loi de l’État de New York (« Adult Survivors Act ») permettant, pendant un an, aux victimes d’agressions sexuelles de relancer leur action en justice au civil, même si les faits étaient prescrits au pénal.
Des affaires judiciaires qui s’accumulent
E. Jean Carroll a alors déposé une nouvelle plainte au civil pour « diffamation » mais aussi « voie de fait » et « agression ». Le juge Lewis Kaplan a rappelé que Donald Trump n’était pas poursuivi pénalement pour viol, mais que l’« agression » pourrait être caractérisée par « un attouchement injustifié sans le consentement de la personne concernée ».
À 76 ans, l’ancien locataire de la Maison Blanche rêve d’être réelu en novembre 2024, mais il voit les affaires judiciaires s’accumuler. Début avril, il a été inculpé au pénal à New York pour 34 fraudes comptables et fiscales liées à des paiements pour étouffer des affaires embarrassantes avant la présidentielle de 2016, dont une relation sexuelle avec l’actrice de film X Stomy Daniels qu’il a toujours démentie.