Kiev a lancé lundi une « opération défensive » qui « comprend des actions contre-offensives ». Moscou, de son côté, affirme avoir repoussé deux offensives majeures en deux jours.
Les points importants en ce mardi 6 juin au matin
- C’est le 468e jour du conflit entre la Russie et l’Ukraine.
- Le commandement opérationnel sud de l’Ukraine a signalé, mardi matin, que les forces russes avaient fait sauter le barrage de la centrale hydroélectrique de Nova Kakhovka. Une vidéo captée par un drone montre un torrent d’eau pouvant potentiellement causer des destructions autour de la ville de Kherson et le long du fleuve Dniepr. Le maire russe de cette ville occupée a nié tout effondrement.
- Le ministère de la défense russe a affirmé avoir repoussé deux offensives de grande envergure ukrainiennes, dimanche et lundi dans le sud du Donbass, et avoir tué « plus de 1 500 militaires ukrainiens » et détruit « 28 chars ». Un bilan qualifié, mardi, d’« élucubrations » par le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evgueni Prigojine.
- Le gouvernement ukrainien, tout en revendiquant des gains territoriaux près de la ville ravagée de Bakhmout, dans l’est du pays, a relativisé l’ampleur de ses « actions offensives » et n’a fourni aucun bilan. Ces opérations ont lieu à un moment où les autorités ukrainiennes disent préparer depuis des mois une vaste contre-offensive.
- Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a remercié, lundi, ses troupes pour les avancées revendiquées près de Bakhmout, ironisant sur la réaction « hystérique » de Moscou. « L’ennemi sait que l’Ukraine va gagner », a-t-il ajouté dans son message vidéo de soirée.
- Dans la nuit de lundi à mardi, une nouvelle attaque aérienne a visé Kiev, « possiblement au moyen de missiles de croisière », a rapporté l’administration civile et militaire de la capitale ukrainienne. « Selon de premières informations, plus de 20 cibles aériennes ennemies ont été détectées et détruites » par la défense aérienne ukrainienne. Aucune victime n’a été recensée.
- Selon un bilan à jour publié par les autorités ukrainiennes, au moins 10 368 civils ont été tués et 14 404 blessés depuis le début de l’invasion russe en février 2022. « Nous estimons que le plus probable est que ce nombre est cinq fois plus élevé. Donc autour de 50 000 » victimes, précise Oleg Gavrych, conseiller principal du chef du cabinet du président Zelensky.
- Les restrictions imposées par cinq Etats de l’Union européenne sur l’importation de céréales ukrainiennes pour protéger leurs agriculteurs pourront être prolongées jusqu’au 15 septembre, a annoncé lundi la Commission européenne, en dépit de l’opposition de Kiev et des résistances d’une partie des Vingt-Sept.
- L’envoyé du pape François pour la paix, le cardinal italien Matteo Zuppi, s’est rendu à Kiev lundi pour discuter avec les autorités ukrainiennes des voies de résolution de la guerre avec la Russie et des besoins humanitaires.
742 personnes déjà évacuées de la région de Kherson
Selon un premier bilan, à 9 heures (heure de Paris), 742 personnes ont déjà été évacuées de la région de Kherson en raison de la montée des eaux.
La centrale de Kakhovka « complètement sous l’eau »
Selon les autorités locales de la région de Kherson, la centrale hydroélectrique est désormais « complètement sous l’eau ».
Des bombardements dans les environs de Shebekino dans la région russe de Belgorod
Via les réseaux sociaux, les autorités ont demandé aux habitants de se cacher dans les caves.
Nombreux animaux piégés
Sur réseaux sociaux, plusieurs vidéos montrent des animaux piégés par la montée des eaux.
Déjà une dizaine de villes et villages partiellement ou totalement inondés
Selon la télévision ukrainienne Suspilne, plus de dix villes et villages sont complètement ou partiellement inondées. Les autorités locales évacuent les habitants des zones potentiellement inondables. A midi, un train d’évacuation devrait quitter Kherson pour Mykolaïv.
Les Russes et les Ukrainiens s’accusent
Selon les ukrainiens une explosion a eu lieu dans la salle des machines de la centrale de Kakhovka.
La présidence ukrainienne a accusé la Russie d’avoir « fait sauter » dans la nuit le barrage pour innonder la zone et freiner l’offensive ukrainienne en préparation. « L’objectif des terroristes est évident : créer des obstacles pour les actions offensives des forces armées » ukrainiennes, a estimé Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.
A l’inverse, le maire imposé par la Russie de la ville de Nova Kakhovk près du barrage endommagé a affirmé qu’il n’y avait pas eu d’explosion. Selon lui, des frappes nocturnes ukrainiennes ont « entraîné la destruction et l’eau a commencé à être déversée de manière incontrôlable en aval ». Pour l’édile , la centrale électrique a subi de graves dommages et il est vraisemblablement impossible de la réparer. En outre, des milliers d’habitants pourraient être privés d’eau en Crimée.
Toutefois, l’agence de presse russe Interfax a cité un responsable anonyme des services d’urgence de Kherson qui estime que le barrage s’est effondré à cause d’une faiblesse structurelle sous la pression de l’eau.
« Pas de risque » pour la centrale de Zaporijjia
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) annonce que la destruction du barrage n’a pour le moment pas d’impact sur la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Des experts de l’AIEA sont sur place pour surveiller l’évolution de la situation, assure l’organisation.
Charles Michel « choqué » par l’attaque contre le barrage
Le président du Conseile européen se déclare dans un tweet « choqué par l’attaque sans précédent du barrage de Nova Kakhovka. La destruction d’infrastructures civiles est clairement qualifiée de crime de guerre – et nous tiendrons la Russie et ses mandataires responsables ».
Le pic des inondations attendu vers 10 heures dans la région de Kherson
Le pic des inondations devrait intervenir vers 10 heures (heure de Paris), selon le chef du conseil régional de Kherson, Olexander Samoilenko. Ce qui laisse très peu de temps aux personnes pour évacuer les lieux à risque.
Plus de 16 000 personnes potentiellement touchées par les inondations dans la région de Kherson
Environ 16 000 personnes se trouvent dans la « zone critique » de la région de Kherson sur la rive droite du Dniepr avec d’importants risques d’inondations, selon le chef de l’administration militaire régionale de Kherson.
La situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia semble être sous contrôle
La destruction du barrage « pourrait avoir des conséquences négatives pour la centrale nucléaire » mais la situation semble être « sous contrôle », selon Energoatom, la société ukrainienne d’énergie nucléaire. Le niveau d’eau du réservoir en amont de la centrale est « en baisse rapide ». Pour l’instant, cependant, le bassin de refroidissement de la centrale est plein. Cependant, l’eau du réservoir de Kakhovsky est nécessaire pour que la centrale reçoive l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les turbines et les systèmes de sécurité. « Actuellement, le niveau d’eau est de 16,6 mètres, ce qui est suffisant pour les besoins de la station », précise Energoatom.
« Probablement la plus grande catastrophe technologique d’Europe depuis des décennies », selon le ministre des Affaires étrangères ukrainien
« La Russie a détruit le barrage de Kakhovka, provoquant probablement la plus grande catastrophe technologique d’Europe depuis des décennies et mettant en danger des milliers de civils. C’est un crime de guerre odieux. La seule façon d’arrêter la Russie, le plus grand terroriste du XXIe siècle, est de la chasser d’Ukraine », vient de lancer Dymtro Kuleba sur Twitter.
Un barrage haut de 30 mètres et de 3,2 km de long
La centrale hydroélectrique de Kakhovka et le barrage ont été mis en service en 1956. Il permet l’irrigation de grandes étendues agricoles du sud de l’Ukraine et du nord de la Crimée via le canal de Crimée du Nord. En amont se trouve un immense réservoir, un lac artificiel qui couvre une superficie de 1 850 km carré. Ce lac est long de 240 km et jusqu’à 23 km de large. Sa profondeur est de 8,4 mètres en moyenne et varie de 3 à 26 m. Le volume total d’eau est de 18,2 km cube.
Les Russes « utilisent chaque mètre pour le terreur »
« La destruction du barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka ne fait que confirmer au monde entier qu’ils doivent être expulsés de tous les coins du territoire ukrainien », vient de lancer le président Zelensky. « Pas un seul mètre ne doit leur être laissé, car ils utilisent chaque mètre pour la terreur. C’est seulement la victoire de l’Ukraine qui rendra la sécurité. Et cette victoire viendra ». Selon lui, « Les terroristes ne pourront pas arrêter l’Ukraine avec de l’eau, des missiles ou quoi que ce soit d’autre ». Il précise que « tous les services fonctionnent ».
Les réserves d’eau dans le barrage étaient à des niveaux sans précédent avant l’explosion
Selon des données reprises par le New York Times, les réserves d’eau en amont de la centrale de Kakhovka étaient, avant sa destruction, à des niveaux exceptionnels.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky va tenir une réunion d’urgence après la destruction de la centrale hydroélectrique de Kakhovka.
Risques d’inondations et évacuations après la destruction de la centrale hydroélectrique de Kakhovka
Selon les autorités ukrainiennes, les forces russes ont fait sauter la centrale hydroélectrique de Kakhovka. « L’ampleur de la destruction, la vitesse et les volumes d’eau, ainsi que les zones probables d’inondation sont en cours de clarification », a déclaré l’armée sur sa page Facebook officielle. Selon un responsable installé par Moscou dans la ville de Nova Kakhovka, dans les parties sous contrôle russe de la région de Kherson, « la partie supérieure de la centrale électrique est endommagée » mais le barrage serait pour l’heure intact.
Cependant, l’agence Tass reconnaît que « 80 villes ou villages pourraient être touchés par des inondations » et que les dommages au barrage entraîneront également des problèmes d’approvisionnement en eau de la Crimée.
De son côté, Anton Gerashchenko, conseiller du ministre ukrainien des Affaires intérieures, a publié plus de détails sur les évacuations sur Telegram de ce qu’il a appelé la « zone dangereuse ».
Dans la région de Kherson, les agglomérations de la rive droite du Dniepr ont été désignées comme étant à risque d’inondations. L’évacuation de la population civile des zones potentiellement inondables sur la rive droite du Dniepr est en cours, à savoir : le village de Nikolaïevka, ️Olgovka, ️ Лёво, ️Tyaginka… Mais aussi une partie de la ville de Kherson. « Le niveau de l’eau monte et toute personne se trouvant dans la zone de danger doit éteindre tous les appareils électriques, prendre documents et objets de première nécessité et prendre soin de ses proches et de ses animaux de compagnie ».
En novembre 2022, le président Volodymyr Zelensky avait déclaré que toute tentative des forces russes de faire sauter la centrale hydroélectrique de Kakhovka, d’inonder le territoire ukrainien et d’assécher la centrale nucléaire de Zaporizhzhia signifierait que la Russie « déclare la guerre au monde entier ». En octobre, l’Institut pour l’étude de la guerre avait estimé que la Russie tenterait probablement de faire sauter le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka pour couvrir son retrait et « empêcher les forces ukrainiennes de poursuivre les forces russes plus profondément dans la région de Kherson occupé par la Russie ». Situé sur le fleuve Dnipro, ce barrage est l’une des plus grandes installations de ce type en Ukraine.
L’UE sanctionne neuf Russes liés à la condamnation de l’opposant Kara-Mourza
Les Vingt-Sept ont adopté lundi des sanctions contre neuf responsables russes, dont un vice-ministre de la Justice, accusés d’être impliqués dans l’arrestation et l’emprisonnement de l’opposant pro-démocratie Vladimir Kara-Mourza, condamné mi-avril à 25 ans de détention. L’UE a réclamé « sa libération immédiate et sans condition ».
Les neuf personnes visées par les Vingt-Sept verront leurs avoirs gelés dans l’UE, où elles seront interdites de séjour. Parmi elles, figurent le vice-ministre de la Justice « chargé d’appliquer la législation sur les agents étrangers, au centre d’une vague de textes visant la société civile indépendante, les médias et les individus dissidents », précise le communiqué.
Des juges et d’autres membres de l’appareil judiciaire sont également visés, ainsi qu’un haut responsable du système pénitentiaire russe à qui est imputé le « traitement dégradant ayant entraîné une détérioration considérable de la santé » de Vladimir Kara-Mourza.
Kiev et Moscou devant la justice internationale
L’Ukraine et la Russie se retrouvent ce mardi devant la plus haute juridiction de l’ONU, Kiev accusant Moscou d’avoir soutenu pendant des années les rebelles séparatistes dans l’est ukrainien avant l’invasion russe à grande échelle débutée l’année dernière.
Kiev et Moscou présenteront ces prochains jours leurs arguments aux juges de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, dans une affaire introduite par l’Ukraine en 2017.
Depuis, Kiev a déposé une autre requête, à la suite de l’invasion russe de février 2022, accusant Moscou de planifier un génocide. La CIJ a dans cette affaire ordonné à la Russie de suspendre son invasion.
Les avocats de l’Ukraine s’exprimeront mardi, tandis que ceux de la Russie s’adresseront à la cour jeudi
Biden croise les doigts pour la contre-attaque ukrainienne
Le président Joe Biden a souhaité lundi du succès à la contre-offensive ukrainienne attendue contre l’armée russe, en croisant les doigts.
Alors qu’il rencontrait la Première ministre du Danemark Mette Frederiksen dans le Bureau ovale, le président américain a été interrogé par l’AFP sur les chances de succès de la contre-offensive planifiée par l’Ukraine. Joe Biden a répondu en levant silencieusement sa main et en croisant son index et son majeur.
La nouvelle sortie du patron de Wagner
C’est une nouvelle déclaration fracassante du patron de Wagner à l’encontre de Moscou. Le chef du groupe paramilitaire Evguéni Prigojine a qualifié mardi d’« élucubrations » les bilans des pertes ukrainiennes revendiqués par Moscou, qui affirme avoir repoussé deux offensives majeures en deux jours.
Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir repoussé deux offensives de grande envergure ukrainiennes dimanche et lundi dans le sud du Donbass, et avoir tué « plus de 1500 militaires ukrainiens » et détruit « 28 chars ».
Le gouvernement ukrainien, tout en revendiquant des gains territoriaux près de la ville ravagée de Bakhmout, dans l’est du pays, a relativisé l’ampleur de ses « actions offensives » et n’a fourni aucun bilan.
Tuer 1500 soldats en une journée est « un sacré massacre », a ironisé le patron de Wagner en se moquant du porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov. « En fait, pourquoi ne pas additionner tous les chiffres donnés par Konachenkov. Je pense que nous avons déjà détruit l’ensemble de la planète Terre à cinq reprises », a-t-il raillé.