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Philippines : Manille Convoque l’Ambassadeur de Chine au Sujet de Tirs au Canon à Eau sur ses Navires

Washington a jugé « dangereux » les agissements de la Chine, qui a déclaré avoir pris les « mesures nécessaires » contre des bateaux philippins qu’elle accuse d’être entrés « illégalement » dans ses eaux.

Les Philippines ont convoqué l’ambassadeur de Chine, lundi 7 août, après les tirs des garde-côtes chinois au canon à eau sur des navires philippins ce week-end dans les eaux contestées de la mer de Chine méridionale, a déclaré le président Ferdinand Marcos. « Notre secrétaire aux affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur Huang aujourd’hui et lui a remis une note (…) comprenant des photos et des vidéos sur ce qui s’est passé, et nous attendons leur réponse », a expliqué M. Marcos à la presse.

Manille convoque l'ambassadeur de Chine après des tires au canon à eau sur  des navires philippins - Le Temps

Manille a accusé dimanche les garde-côtes chinois d’avoir tiré au canon à eau sur des navires philippins en mer de Chine méridionale, qualifiant ces actions d’« illégales » et de « dangereuses ». La Chine a déclaré de son côté avoir pris les « mesures nécessaires » contre des bateaux philippins qu’elle accuse d’être entrés « illégalement » dans ses eaux.

                     « Milices maritimes »

Selon les garde-côtes philippins, l’incident s’est produit samedi alors qu’ils escortaient des navires transportant du matériel pour le personnel militaire philippin stationné sur le Second Thomas, un atoll des îles Spratleys. « Les garde-côtes philippins condamnent fermement les manœuvres dangereuses des garde-côtes chinois et l’utilisation illégale de canons à eau contre [leurs] navires », ont-ils déclaré. « Nous n’abandonnerons jamais l’atoll Ayungin Shoal », a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil national de sécurité philippin, Jonathan Malaya, en utilisant le nom philippin de l’atoll Second Thomas.

Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale malgré les prétentions rivales des Philippines, du Vietnam ou de la Malaisie, faisant fi d’un jugement international de 2016 en sa défaveur. De son côté, depuis son arrivée au pouvoir en juin 2022, le président philippin, Ferdinand Marcos, a insisté sur le fait qu’il ne laisserait pas la Chine piétiner les droits de son pays en mer, et s’est rapproché des Etats-Unis. Manille et Pékin ont une longue histoire de différends maritimes en mer de Chine méridionale, mais l’ancien président philippin Rodrigo Duterte était réticent à critiquer son puissant voisin.

Le département d’Etat américain a condamné les « dangereux » agissements de la Chine, affirmant qu’ils étaient le fait de ses garde-côtes et de « milices maritimes ». Les ambassades britannique et australienne ainsi que l’Union européenne ont exprimé leur inquiétude. La mission canadienne aux Philippines a condamné l’intervention chinoise comme « dangereuse et provocatrice » tandis que le représentant du Japon a qualifié l’incident, survenu samedi, de « totalement inacceptable ».

Manille accuse Pékin de tirs au canon à eau sur ses bateaux en mer de Chine  méridionale

Tensions exacerbées

L’incident de samedi est le premier depuis novembre 2021, quand les garde-côtes chinois ont utilisé des canons à eau contre une mission philippine de ravitaillement de Second Thomas. Les tensions entre Manille et Pékin se sont exacerbées au début de l’année après qu’un navire des garde-côtes chinois eut prétendument utilisé un laser de qualité militaire contre un bateau des garde-côtes philippins près de l’atoll Second Thomas.

Après l’occupation du récif Mischief par la Chine, au milieu des années 1990, les Philippines ont échoué un navire de guerre désaffecté sur le haut-fond voisin afin d’affirmer leurs revendications territoriales. Des membres de la marine philippine y sont basés. L’atoll Second Thomas se situe à environ 200 kilomètres de l’île philippine de Palawan et à plus de 1 000 kilomètres de l’île chinoise importante la plus proche, Hainan. En avril, un navire des garde-côtes chinois a coupé la route au navire de patrouille philippin Malapascua, qui transportait des journalistes près de Second Thomas.