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Moscou Revendique la Victoire du Parti de Poutine aux élections dans les Régions Annexées en Ukraine

La Russie organisait ce week-end des élections régionales sans suspense, avec la guerre en Ukraine en toile de fond et à quelques mois de la présidentielle.

La Commission électorale russe a déclaré ce dimanche 10 septembre que le parti Russie Unie avait remporté les élections locales dans les quatre régions de Zaporijjia, Kherson, Donetsk et Lougansk, annexées par Moscou en Ukraine, avec plus de 70% des suffrages. Kiev et ses alliés occidentaux ont dénoncé des scrutins «illégaux».

Opposition muselée, voix critiques du conflit ukrainien réprimées sans ménagement : les élections régionales de ce dimanche en Russie – qui se tenaient également dans le reste du pays – étaient sans suspense, malgré l’offensive en Ukraine en toile de fond. Avec ces élections réparties sur trois jours, de vendredi à dimanche, Moscou tente de légitimer ses annexions en Ukraine en faisant voter les territoires occupés dans l’Est et le sud. Les combats y font toujours rage et l’armée ukrainienne a lancé une contre-offensive.

Depuis plus d’un an et demi, des milliers de Russes ont eux été condamnés, parfois à de lourdes peines, pour avoir protesté contre l’offensive en Ukraine. Aucune réelle opposition «hors système» n’est représentée : les opposants sont soit en prison, soit en exil.

L’issue de ces élections organisées pour désigner des gouverneurs, des députés régionaux et des élus municipaux, ne devrait ainsi pas entraîner de surprises. La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, s’est félicitée d’élections se déroulant «de manière dynamique, avec peu de violations».

Mais celles-ci interviennent cette fois à quelques mois de l’élection présidentielle prévue début 2024, qui pourrait conforter Vladimir Poutine au pouvoir jusqu’en 2030.

Vote en pleins combats dans les régions annexées

Dans les quatre régions ukrainiennes annexées, les autorités d’occupation se sont pliées en quatre pour présenter un semblant de normalité, malgré les combats en cours. Dans la région de Donetsk, des électeurs ont ainsi déposé des bulletins de vote ornés de l’aigle russe bicéphale, tandis que dans celle de Kherson, le gouverneur Vladimir Saldo a décrété vendredi chômé pour que chaque citoyen puisse «exprimer sa position».

Dans plusieurs régions russes, où l’afflux d’électeurs est traditionnellement le plus important dimanche, le scrutin est également teinté par le conflit. À Rostov-sur-le-Don, grande cité du sud-ouest de la Russie située non loin de l’Ukraine et touchée cette semaine par une attaque de drones, deux électeurs interrogés dimanche par l’AFP près d’un bureau de vote citaient spontanément ce conflit armé comme leur principale préoccupation.

«Nous voulons avant tout vivre en paix, nous et nos enfants», a déclaré Nina Antonova, spécialiste de protection au travail, 40 ans. «Tout le monde n’est préoccupé que par un seul problème : la guerre. Nous n’avons pas d’autres problèmes», assure de son côté Anatoli, un retraité de 84 ans.

Campagne fantôme à Moscou

À Moscou, la campagne électorale se ressentait à peine, les affiches des candidats, parmi lesquels le maire sortant Sergueï Sobianine, un fidèle de Vladimir Poutine en poste depuis 2010, étant rares dans les rues.

Sergueï Sobianine a en revanche été omniprésent à la télévision ces derniers jours en donnant le coup d’envoi à de nouvelles lignes de train régionales et à une autoroute payante ou en inaugurant des hôpitaux rénovés. Des Moscovites rencontrés par l’AFP ont dit apprécier le virage moderne pris par la capitale russe sous l’impulsion de Sergueï Sobianine. Il a été réélu, selon la Commission électorale.

Plusieurs centaines de kilomètres au sud-ouest de Moscou, dans les régions frontalières de l’Ukraine, régulièrement cibles d’attaques de Kiev, les conditions de sécurité pour l’organisation du scrutin sont précaires. La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, a déjà annoncé que le vote dans la ville de Chebekino, dans la région de Belgorod, a été «reporté en raison d’un niveau d’alerte élevé».

Seul fait politique marquant : dans le sud de la Sibérie, le candidat du Parti communiste, Valentin Konovalov, 35 ans, tente d’être réélu dans la région montagneuse et peu peuplée de Khakhassie. Il devance de loin ses adversaires, selon l’agence officielle TASS.