Le président de la République va présider ce lundi 26 février, la cérémonie d’ouverture de son dialogue national dans un contexte de confusion totale. Boycotté par une grande partie de la société civile et des candidats retenus par le Conseil constitutionnel, ce dialogue pourrait au-delà de la date de l’élection présidentielle et la continuité du pouvoir à l’expiration de son mandat, le 2 avril, déboucher également sur une Loi d’amnistie qui, selon certaines indiscrétions proches du pouvoir, constituerait la principale motivation.
C’est ce lundi que s’ouvre le dialogue appelé par le président de la République. La cérémonie d’ouverture de cette rencontre se tiendra au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad) sous la présidence effective du chef de l’Etat, Macky Sall à 16h. Cependant, à quelques heures de son ouverture, les interrogations persistent non seulement sur les vrais enjeux de ce conclave de deux jours, prévu aujourd’hui et demain mardi 27 février. En effet, même si le chef de l’Etat avait annoncé lors de son entretien avec les quatre médias nationaux du jeudi 22 février dernier, que ce dialogue portera sur la date de l’élection présidentielle et la continuité du pouvoir à l’expiration de son mandat, le 2 avril, il est fort probable que des conclusions de ce conclave vont déboucher sur d’autres points comme celui lié à l’adoption d’une loi d’amnistie générale avant la présidentielle. D’ailleurs, certaines sources nous soufflent même que cette loi d’amnistie constitue la principale motivation de la décision prise par Macky Sall, le 3 février dernier, d’arrêter le processus électoral.
Car, persuadé que son bilan matériel est loin de garantir une victoire à son candidat de « raison »Amadou Ba qui est combattu de toutes parts par une opposition plus que jamais déterminée à créer les conditions d’une troisième alternance, et ses partisans qui lui mettent des bâtons dans les jambes, le chef de l’Etat aurait donc décidé d’agir pour essayer de sauver ce qu’il peut de son système. Et ce, par l’arrêt du processus électoral et l’organisation des concertations de réconciliation nationale qui devraient déboucher sur cette loi d’amnistie qui va non seulement le protéger mais aussi mettre à l’abri tous ses partisans sur qui pèsent des soupçons de malversations, mais aussi mettre à l’abri des autorités civiles, policières et militaires impliquées dans le maintien de l’ordre lors des dernières manifestations depuis mars 2021 jusqu’à juin 2023 qui craignent de se retrouver d’un jour à l’autre dans le viseur de la Cour pénale internationale dont le Sénégal est le premier Etat à ratifier le statut ( statut de Rome). En effet, avec l’absence de procédures judiciaires initiées par l’Etat pour éclairer sur les conditions des morts par balle (rapports médecin légiste) de la plupart des jeunes tués lors de ces manifestations mais aussi les cas de torture où sont accusés des éléments des Forces de défense et de sécurité, c’est une espèce d’épée de Damoclès qui est suspendue au dessus de la tête de toutes ces personnalités.
Pour rappel, après les violences de mars 2021, des leaders de l’opposition avaient annoncé une plainte devant le bureau du Procureur de la Cour pénale internationale contre le président Macky Sall et son régime. Interpellé sur cette question lors d’une conférence de presse à Dakar, le 22 mai 2021, l’ancien Procureur de la Cpi, Fatou Bensouda, a indiqué que des recoupements sont en train d’être faits sur les incriminations rapportées par l’opposition tout en précisant que la démarche de la Cpi, c’est de privilégier le traitement de ces questions par la justice nationale. Le 22 juin 2023 dernier, s’exprimant sur les manifestations meurtrières qui ont suivi le verdict du procès Sonko contre Adji Sarr, l’avocat franco-espagnol Juan Branco avait annoncé lors d’une conférence de presse à Paris le 22 juin 2023, avoir saisi le procureur de la CPI pour crimes contre l’humanité contre plusieurs personnalités sénégalaises dont le président Macky Sall, des membres de son gouvernement et des officiers. « Nous avons recueilli 4 000 éléments de preuve vérifiés depuis mars 2021, dont 710 ont été conservés dans le cadre de cette procédure », avait-il indiqué.
Au Canada également, une plainte a été annoncée en juin dernier par l’avocat Me Pape Kanté contre le président Macky Sall et certains dignitaires de son gouvernement pour leur implication dans les morts du mois de juin 2023. Dans cette plainte transmise également au cabinet du Premier ministre Justin Trudeau, Me Pape Kanté demande l’application de la loi de Sergueï Magnitski consistant à imposer un gel des avoirs financiers ou une interdiction de séjour contre les autorités sénégalaises.
source:sudQuotidien