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Haïti . Seule une centaine de détenus sont présents dans la prison, sur environ 3800 avant l’attaque perpétrée par des gangs armés

Au moins une dizaine de personnes sont mortes durant l’évasion de plusieurs milliers de détenus du Pénitencier national de Port-au-Prince ce samedi , en Haïti, dans la nuit de samedi 2 mars au dimanche 3 mars, selon un journaliste de l’AFP et une ONG.

«On a dénombré de nombreux cadavres de détenus», a déclaré à l’AFP Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui a expliqué que seule une centaine de détenus étaient toujours présents dans la prison dimanche, sur environ 3800 avant l’attaque perpétrée par des gangs armés.

Grande Évasion à la prison de la Croix-des-Bouquets - Le Floridien.com

Un journaliste de l’AFP s’étant rendu sur place dimanche matin a lui vu une dizaine de corps aux alentours de la prison. Certains corps avaient été touchés par des balles ou par des projectiles, selon lui. Il a pu se rendre dans la prison, dont la porte était «ouverte» et où il n’y avait «quasiment personne», a-t-il raconté.

«Déchaînements de criminels»

Ce terrible bilan survient après des heures de chaos. Car dans la nuit de samedi à dimanche, des policiers «ont tenté de repousser l’assaut des gangs criminels contre le Pénitencier national et la prison de Croix des Bouquets», a indiqué le gouvernement haïtien dans un communiqué. «Cet assaut contre ces centres carcéraux a fait plusieurs blessés parmi les prisonniers et le personnel de l’Administration pénitentiaire», a-t-il ajouté.

Le gouvernement a dénoncé les «déchaînements de criminels lourdement armés voulant à tout prix libérer des personnes gardées, notamment pour des faits de kidnapping, de meurtres et d’autres infractions graves et n’hésitant pas à exécuter des civils, incendier et piller des biens publics et privés». S’agissant de la prison de Croix des Bouquets, on ignore précisément pour l’heure combien de détenus ont pu s’échapper, selon Pierre Espérance.

«Des gangs très puissants»

Parmi «un nombre important de prisonniers libérés» par les gangs armés, figurent «d’importants membres de gangs très puissants», rapporte la Gazette d’Haïti. Plusieurs prisonniers de droit commun, des chefs de gangs connus et des inculpés dans l’assassinat du président Jovenel Moise étaient incarcérés dans cette prison située à quelques centaines de mètres du palais national, ajoute le quotidien haïtien le Nouvelliste, qui assure ne pas avoir de détails sur le nombre ou le profil des détenus évadés. Selon ce média local, la prison, principal centre carcéral d’Haïti, «épiée depuis jeudi via un drone par les assaillants», a subi l’assaut des gangs en début de soirée samedi.

Depuis jeudi, Port-au-Prince est le théâtre de violences perpétrées par des gangs armés affirmant vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry, actuellement absent de la capitale, selon le Nouvelliste. Ces gangs, réunis sous le label «Vivre ensemble», mènent des attaques coordonnées dans la capitale en visant notamment des sites stratégiques comme la prison civile, l’aéroport international et des bâtiments de police. Au moins quatre policiers ont été tués depuis jeudi et des dizaines de personnes ont été blessées dans un pays en proie à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire.