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Guerre entre Hamas et Israël : la Chine qualifie de «honte» la guerre à Gaza

Répétant le soutien de son pays à une «pleine» adhésion d’un État palestinien à l’ONU, Pékin a de nouveau demandé un «cessez-le-feu immédiat» dans le territoire assiégé et cible de frappes israéliennes incessantes.

La Chine a appelé jeudi à un «cessez-le-feu immédiat» à Gaza, qualifiant de «honte pour la civilisation» la guerre entre Israël et le Hamas qui entre dans son sixième mois malgré les efforts des médiateurs pour parvenir à une trêve. Réunis au Caire, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte espèrent arracher, sans succès jusqu’à présent, un accord sur une pause dans les combats avant le ramadan, le mois sacré du jeûne musulman, qui commence en début de semaine prochaine. Déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre, la guerre a provoqué une crise humanitaire dans la bande de Gaza, où 2,2 des 2,4 millions d’habitants sont menaces de famine selon l’ONU.

«Le fait qu’aujourd’hui, au XXIe siècle, cette catastrophe humanitaire ne puisse être arrêtée est une tragédie humaine, plus encore, c’est une honte pour la civilisation», a estimé le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, lors d’une conférence de presse à Pékin. Répétant le soutien de son pays à une «pleine» adhésion d’un État palestinien à l’ONU, M. Wang a de nouveau demandé un «cessez-le-feu immédiat» dans le territoire assiégé et cible de frappes israéliennes incessantes. Le ministère de la Santé du Hamas a affirmé jeudi que de nouvelles frappes y avaient fait 81 morts dans la nuit.

Depuis dimanche dans la capitale égyptienne, une délégation du Hamas discute avec des représentants américains, égyptiens et qataris – mais sans présence israélienne – d’une possible trêve de six semaines. Celle-ci serait associée à une libération d’otages enlevés le 7 octobre et toujours retenus à Gaza en échange de Palestiniens incarcérés par Israël, ainsi qu’à l’entrée d’une aide accrue dans le territoire palestinien. Principal allié d’Israël, les États-Unis font pression pour qu’un accord soit conclu avant le ramadan, estimant que la balle était dans le camp du Hamas, tout en réclamant des Israéliens qu’ils laissent entrer davantage d’aide.

Cessez-le-feu humanitaire

Avant tout accord, le Hamas réclame un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour dans leur foyer des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre. Israël rejette ces conditions et assure que l’offensive se poursuivra jusqu’à l’élimination du Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste comme le font aussi les États-Unis et l’Union européenne. Selon des médias, Israël demande au Hamas de lui fournir une liste précise des otages, mais le mouvement islamiste dit ignorer «qui est vivant ou mort» parmi eux. «Cette horreur doit cesser maintenant. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut pas attendre», a déclaré le chef de l’ONU, Antonio Guterres, mercredi sur le réseau X après avoir reçu des familles de victimes palestiniennes.

Le Conseil de sécurité doit une nouvelle fois se réunir jeudi à huis clos pour discuter de la situation. Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont mené une attaque contre le sud d’Israël qui a coûté la vie à au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles. Environ 250 personnes ont été en outre enlevées et emmenées à Gaza, et, d’après Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts. Lors d’une trêve fin novembre, 105 otages avaient été libérés en échange de 240 prisonniers palestiniens. Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Son armée a lancé une offensive de grande envergure qui a fait 30.717 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les combats ont, selon l’ONU, contraint 1,7 million de Palestiniens à fuir leur foyer. La plupart ont fui vers la ville de Rafah, située dans l’extrême sud de la bande de Gaza contre la frontière fermée avec l’Égypte, où Israël projette une offensive terrestre. Soumise au contrôle d’Israël, l’aide internationale n’entre qu’au compte-gouttes sur le territoire, soulevant les craintes d’une famine généralisée, notamment dans le nord difficilement accessible à cause des destructions, combats et pillages.

Malnutrition et déshydratation

À Londres, après une rencontre avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a affirmé mercredi que la situation à Gaza «doit changer»«En tant que puissance occupante, Israël a la responsabilité légale de veiller à ce que l’aide soit disponible pour les civils», a-t-il dit. De son côté, l’Italie a annoncé le lancement lundi d’une initiative, «Food for Gaza», dont l’objectif est de coordonner l’aide alimentaire avec les agences spécialisées de l’ONU et la Croix-Rouge. «Nous pouvons survivre sans nourriture pendant plusieurs heures, mais pas nos enfants», a confié à l’AFP le bénévole Bassam Al-hou lors d’une distribution de repas gratuits aux déplacés à Jabaliya (nord). «Ils meurent et s’évanouissent dans les rues à cause de la faim. Que pouvons-nous faire?».

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 Palestiniens, des enfants pour la plupart, sont morts de malnutrition et de déshydratation. «Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim sans avoir atteint les hôpitaux», a déclaré le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qudra. Face aux difficultés des approvisionnements terrestres, certains pays, dont les États-Unis, la Jordanie et la France, ont commencé à larguer de l’aide par voie aérienne sur le nord de la bande de Gaza, une solution jugée insuffisante et dangereuse par les organisations humanitaires. La piste d’approvisionnements maritimes est également explorée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit visiter vendredi le port de Larnaca à Chypre, le pays de l’UE géographiquement le plus proche de Gaza.