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Attaque de l’Iran . Soutenir Israël tout en évitant un embrasement de la région, la difficile équation du président américain, Joe Biden

Washington veut à tout prix éviter une riposte israélienne contre Téhéran car elle risquerait de provoquer une dangereuse spirale au Moyen-Orient.

Diplomatiquement, Joe Biden marche sur un fil. Soutenir Israël tout en empêchant Benyamin Netanyahou de se venger de l’Iran : tel est le dilemme auquel fait face le président américain.

En se portant à la défense d’Israël face à l’attaque dans la nuit de samedi à dimanche de l’Iran, Joe Biden a joint le geste à la parole. Les forces américaines ont contribué à détruire des « dizaines » de drones et missiles. C’est la première fois qu’un président américain est amené à défendre Israël directement, faisait-on valoir à Washington.

Biden ne veut « pas d’une guerre étendue avec l’Iran »

La sidération de la première attaque directe de l’Iran contre l’Etat hébreu étant passée, les Etats-Unis craignent désormais une riposte israélienne avec le risque de provoquer une dangereuse spirale au Moyen-Orient, sur fond de guerre à Gaza.

Washington tente donc de calmer le jeu. « Le président a été clair : nous ne voulons pas d’escalade. Nous ne voulons pas d’une guerre étendue avec l’Iran », a ainsi déclaré dimanche le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby.

Les Etats-Unis n’entendent pas non plus participer à d’éventuelles représailles israéliennes, assure un haut responsable américain s’exprimant sous couvert de l’anonymat. Et, selon lui, Israël « ne cherche pas une escalade importante avec l’Iran ».

Pour Washington, Téhéran a eu sa vengeance

Le président démocrate a porté son message directement lors d’un entretien téléphonique samedi soir. Il a « clairement dit au Premier ministre (israélien) que nous devons peser soigneusement et de façon stratégique les risques d’une escalade » afin d’éviter une guerre régionale, selon le haut responsable américain.

Le calcul de Washington semble être que Téhéran a obtenu ce qu’il voulait avec une démonstration de force en représailles à la frappe, attribuée à Israël, sur son consulat à Damas le 1er avril. Et Israël a prouvé de façon spectaculaire sa puissance défensive, avec 99 % des projectiles iraniens interceptés.

 

Depuis l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre puis l’offensive israélienne qui ravage la bande de Gaza, Joe Biden s’efforce d’éviter une guerre régionale, redoutant de se voir entraîner directement dans un conflit au Moyen-Orient. Le président américain se retrouve ainsi dans une position délicate : de plus en plus critique de Benyamin Netanyahou, avec qui il entretient de difficiles relations, il doit pour autant lui assurer son soutien total.

Joe Biden est en outre sous pression en pleine campagne présidentielle aux Etats-Unis, pris à partie à sa gauche face au désastre humanitaire à Gaza comme à sa droite, pour sa « faiblesse » supposée, comme l’affirme son rival républicain Donald Trump. « Si Joe Biden incite les Israéliens à ne pas du tout riposter alors il est une honte pour les Etats-Unis », s’est d’ailleurs avancé dimanche sur CNN John Bolton, ancien conseiller de Donald Trump, appelant au contraire Israël à « détruire le programme nucléaire iranien ».