Sur instruction du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, tous les travaux de construction sur la corniche de Dakar et la bande des filaos de Guédiawaye sont à l’arrêt. L’exécutif a pris ainsi la décision de corriger l’anarchie sur ce domaine public maritime. Reste maintenant à voir si la mesure donnera l’effet escompté, car des initiatives pareilles ont été notées avec les régimes précédents, sans que la boulimie foncière ne cesse.
L’Etat du Sénégal a décidé d’arrêter tous les travaux sur le littoral de Dakar. L’information est donnée par l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, puis confirmée par le Directeur de la surveillance et du contrôle de l’occupation des sols (Dscos), le colonel Saboury Ndiaye. «On n’a encore rien démoli. Mais, par mesure conservatoire, les travaux sont arrêtés pour permettre à tous ceux qui sont en train de travailler de s’arrêter un moment et permettre de faire le point», a-t-il dit à l’émission point vue de la Radiotélévision sénégalaise (Rts). Selon toujours le Directeur de la Dscos, «il sera procédé d’abord à l’examen des octrois des permis de construire et la nature des constructions».
La mesure du président de la République, Bassirou Diomaye Faye concerne la corniche-Ouest et la corniche-Est de Dakar et la bande des filaos de Guédiawaye. Dans la journée d’hier, lundi 29 avril, les gendarmes de la Dscos étaient sur le terrain. La marque, «arrêt Dscos», commence à devenir l’identité de ces immeubles qui poussent à vive allure sur la corniche. Cette décision de l’autorité suprême, d’arrêter tous les chantiers sur le domaine public maritime, tend à conforter la volonté de son Premier ministre, Ousmane Sonko, qui, déjà dans l’opposition, avait promis d’arrêter toute cette poussée vertigineuse de bâtiments une fois arrivé au pouvoir.
«Ces gens, aux esprits malsains, vont rendre compte de tout ce qu’ils ont fait du littoral et cela sans intervention, ni négociation car, c’est trop facile de s’enrichir de cette manière abusive sur le dos du Sénégalais, sans pour autant que des sanctions ne soient prises», avait-il prévenu, lors d’une visite sur le terrain. Non sans regretter «l’occupation de la corniche de telle sorte qu’on ne puisse penser venir en ces lieux pour profiter de l’air, faire du sport ou encore s’épanouir».
Les constructions sur la corniche ont toujours été dénoncées par les citoyens. En 2020, les riverains des Phares des Mamelles ont été surpris de voir des travaux menés près de la colline sur lequel les phares sont installés, depuis des années. Le promoteur qui brandissait un titre de bail datant du 9 avril 2020, a été stoppé par la révolte du collectif, «Touches pas aux terres du Phare des Mamelles», qui s’était ériger en bouclier contre la dégradation de ce site historique.
La forte pression avait obligé le président de la République d’alors, Macky Sall, en Conseil des ministres du 10 juin 2020, d’instruire le ministre des Finances et du Budget, celui des Collectivités territoriales et le ministre de l’Intérieur de «veiller au respect des règles de gestion foncière au plan national». En même temps, il avait suggéré «la mise en place d’un «Plan global d’aménagement durable et de valorisation optimale du littoral national» et de veiller, sur l’étendue du territoire, à l’application rigoureuse des dispositions du Code de l’urbanisme et du Code de la construction».
Le changement n’a pas été important après cette requête du président Macky Sall. Le jeudi 13 avril 2023, le sous-préfet de l’arrondissement des Almadies, Papa Serigne Niang, avait ordonné la suspension des travaux de construction sur le littoral de Diamalaye, à côté de l’arrêt des bus Tata, dans la commune de Yoff, pour absence d’autorisation de construire approuvée par l’autorité administrative et risques réels de troubles à l’ordre public liés à des menaces d’affrontements entre les habitants du quartier et le promoteur des travaux.
L’accaparement du littoral concerne aussi la bande des filaos de Guédiawaye. Déclassée par le président Macky Sall, pour un programme d’utilité publique, elle fait l’objet d’un véritable partage, au grand dam des populations. L’Association pour la justice environnementale (AJE) a déposé un recours en annulation à la Cour Suprême qui a décidé, lors de son audience du 25 avril 2024, d’instruire le dossier. Cette occupation à outrance des domaines publics, le Technopole de Pikine (zone humide à écosystème riche et varié) en est aussi victime.
source:sudQuotidien