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La Chine poursuit ses manœuvres militaires près de Taïwan, envoyant navires de guerre et avions de chasse autour de l’île

TOPSHOT - Chinese military helicopters fly past Pingtan island, one of mainland China's closest point from Taiwan, in Fujian province on August 4, 2022, ahead of massive military drills off Taiwan following US House Speaker Nancy Pelosi's visit to the self-ruled island. China is due on August 4 to kick off its largest-ever military exercises encircling Taiwan, in a show of force straddling vital international shipping lanes following a visit to the self-ruled island by US House Speaker Nancy Pelosi. (Photo by Hector RETAMAL / AFP)

Pour le deuxième jour d’affilée, Pékin a mené des exercices militaires près de l’île pour, selon un responsable militaire chinois, vérifier sa « capacité de prendre le pouvoir et de [mener des] frappes conjointes, ainsi que de prendre le contrôle de territoires-clés ».

Conformément à ses plans, Pékin poursuit ses exercices militaires autour de Taïwan. Des navires de guerre et avions de chasse chinois encerclent, vendredi 24 mai, pour le deuxième jour d’affilée, l’île autonome.

Ces manœuvres, baptisées « Glaive uni 2024A », interviennent après la prestation de serment, lundi, du président taïwanais, Lai Ching-te, dont le discours d’investiture a été perçu par la Chine comme un « aveu de l’indépendance de Taïwan ». Commencées jeudi matin, elles impliquent l’armée de terre, la marine, l’armée de l’air et l’unité des fusées. Elles doivent durer jusqu’à vendredi inclus mais les analystes préviennent qu’elles pourraient être prolongées ou renouvelées prochainement.

Taïwan : la Chine poursuit ses exercices militaires - Ici Beyrouth

Leur objectif est de vérifier la « capacité de prendre le pouvoir et de [mener des] frappes conjointes, ainsi que de prendre le contrôle de territoires-clés », a déclaré vendredi Li Xi, porte-parole du commandement du théâtre Est oriental de l’armée chinoise. Pékin avait présenté jeudi ces exercices militaires comme une « punition sévère » contre les « séparatistes »  de l’île qui finiront « dans le sang ».

Des vidéos publiées par l’armée chinoise vendredi montraient des soldats sortir en courant d’un bâtiment pour se rendre à leurs postes de combat et des avions de chasse décoller au son d’une musique militaire. Selon la télévision d’Etat CCTV, les officiers de la marine chinoise ont appelé leurs homologues taïwanais à ne pas « résister à la réunification par la force ».

Entrée dans les « eaux interdites » et menace

Un graphique animé de l’armée chinoise montrait une pluie des missiles s’abattant sur des cibles-clés au nord, au sud et à l’est de l’île, avec un message affirmant que cela permettrait de « couper les vaisseaux sanguins de l’indépendance de Taïwan ».

Quatre navires des garde-côtes chinois sont entrés vendredi dans les « eaux interdites » de deux îles taïwanaises, a affirmé Taipei. « C’est la huitième fois ce mois-ci que des navires des garde-côtes chinois naviguent dans les eaux interdites », ont affirmé les garde-côtes taïwanais, qui ont « exhort[é] la Chine à faire preuve de retenue et à cesser immédiatement son comportement irrationnel ».

La Chine a par ailleurs accusé le président taïwanais de pousser l’île vers « la guerre » et menacé de renforcer ses « contre-mesures ». « Depuis sa prise de fonctions [lundi], le dirigeant de la région de Taïwan a sérieusement remis en question le principe d’une seule Chine […], ce qui pousse nos compatriotes de Taïwan dans une situation périlleuse de guerre et de danger », a déclaré Wu Qian, porte-parole du ministère, dans un communiqué.

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« Cela s’appelle jouer avec le feu, et ceux qui jouent avec le feu se brûleront à coup sûr », a-t-il affirmé. Et à « chaque fois que [le mouvement soutenant l’] “indépendance de Taïwan” nous provoquera, nous irons un peu plus loin avec nos contre-mesures, jusqu’à ce que la réunification complète de la mère patrie soit réalisée », a mis en garde le porte-parole.

Taïwan « défendra les valeurs de liberté et de démocratie », a promis, jeudi, M. Lai, décrit par Pékin comme un « dangereux séparatiste » pour ses déclarations passées en faveur de l’indépendance de l’île, même s’il a depuis modéré son discours. « Je me tiendrai sur la ligne de front avec nos frères et sœurs de l’armée pour défendre ensemble la sécurité nationale », a-t-il assuré.

La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec son territoire depuis la fin de la guerre civile et l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949. Depuis quelques années, Pékin a intensifié ses menaces et les pressions politiques, économiques et militaires sur Taïwan.

Ces manœuvres constituent une « punition sévère pour les actes séparatistes des forces “indépendantistes de Taïwan” et un avertissement sévère contre l’ingérence et la provocation des forces extérieures », avait dit, jeudi, Li Xi. Elles ont lieu « dans le détroit de Taïwan, au nord, au sud et à l’est de l’île de Taïwan, ainsi qu dans les zones situées autour des îles de Kinmen, Matsu, Wuqiu et Dongyin » – proches de la côte est chinoise –, a-t-il précisé.

Washington appelle la Chine « à la retenue »

L’ONU a appelé toutes les parties à « s’abstenir de toute action pouvant aggraver les tensions » et, à Washington, un haut responsable qui a requis l’anonymat a affirmé que les Etats-Unis « surveillaient de très près » la situation et appelaient la Chine « à la retenue ».

La République populaire de Chine dit privilégier une réunification « pacifique » avec le territoire insulaire de 23 millions d’habitants, mais n’exclut cependant pas d’employer la force.

Lors de sa prestation de serment lundi, Lai Ching-te avait appelé la Chine à « cesser ses intimidations politiques et militaires ». Les séparatistes taïwanais « seront cloués au pilori de la honte pour l’histoire », avait réagi le lendemain le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi.

Vendredi, l’agence officielle Chine Nouvelle et le journal du parti communiste, le Quotidien du peuple, ont publié des éditoriaux faisant l’éloge des manœuvres militaires, fustigeant le « comportement perfide » de M. Lai et promettant de lui asséner « un coup sévère ».

Les précédents exercices militaires chinois d’ampleur autour de Taïwan avaient eu lieu en août 2023 après une visite de M. Lai, alors vice-président, aux Etats-Unis. Pékin avait également lancé des manœuvres d’une envergure historique en août 2022 après la venue sur l’île de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants américaine.