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Israël. Avec la démission de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou, une crise politique s’ouvre dans l’État hébreu

Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou, avait lancé le 18 mai un ultimatum au Premier ministre israélien, exigeant l’adoption d’un « plan d’action » sur la question de l’après-guerre dans la bande de Gaza.

Une crise politique s’installe en Israël. Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et rival de Benyamin Netanyahou, a annoncé dimanche sa démission. « Netanyahou nous empêche d’avancer vers une réelle victoire. C’est pourquoi nous quittons aujourd’hui le gouvernement d’urgence avec le cœur lourd, mais sans regret », a-t-il déclaré lors d’une allocution solennelle à la télévision israélienne. Il a également demandé au Premier ministre d’organiser des élections anticipées.

Ministre sans portefeuille dans le cadre d’un gouvernement élargi après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, Benny Gantz, chef du parti de l’Union nationale (centre) avait lancé le 18 mai un ultimatum à Benyamin Netanyahou. Il avait exigé du chef du Likoud, le grand parti de la droite, l’adoption par le cabinet de guerre d’un « plan d’action » sur la question de l’après-conflit dans la bande de Gaza, faute de quoi il se verrait « contraint de démissionner du gouvernement ».

« Benny, ce n’est pas le moment d’abandonner la bataille »

Plusieurs objectifs étaient fixés par Benny Gantz. Parmi eux, le retour de tous les otages aux mains du Hamas, l’éradication du mouvement islamiste palestinien et la démilitarisation de la bande de Gaza, ou encore la mise en place d’un gouvernement alternatif dans l’enclave palestinienne.

Benyamin Netanyahou a vite réagi à cette démission. « Israël est engagé dans une guerre existentielle sur plusieurs fronts », a-t-il écrit sur le réseau social X. « Benny, ce n’est pas le moment d’abandonner la bataille, c’est le moment d’unir nos forces. »

« Citoyens d’Israël, nous continuerons à nous battre jusqu’à la victoire et jusqu’à la réalisation de tous les objectifs de la guerre, dont le premier est de libérer tous nos otages et d’éliminer le Hamas », a par ailleurs déclaré le chef de l’État hébreu. « Ma porte restera ouverte à tout parti sioniste disposé à partager le fardeau, à contribuer à la victoire sur nos ennemis et à assurer la sécurité de nos citoyens. »

Les candidatures ne se sont pas fait attendre. Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale et chef du parti d’extrême droite Force Juive, a écrit une lettre officielle à Benyamin Netanyahou dans la foulée de la démission de Benny Gantz. « En tant que ministre du gouvernement, président d’un parti et partenaire principal de la coalition, j’exige par la présente de rejoindre ce cabinet, afin d’être un partenaire dans la détermination de la politique de sécurité d’Israël à l’heure actuelle », a-t-il réclamé, estimant qu’il était « temps de prendre des décisions courageuses ».

Le favori pour succéder à Netanyahou

Benny Gantz, qui fait figure de favori pour former une coalition en cas de chute du gouvernement Netanyahou et d’élections anticipées, devrait initialement tenir cette conférence de presse samedi. Un événement qu’il avait décidé d’annuler après l’annonce de la libération de quatre otages, Noa Argamani, Andrey Kozlov, Almog Meir Jan et Shlomi Ziv, par l’armée israélienne, lors d’une opération à haut risque dans le centre de la Bande de Gaza. Benny Gantz avait encore estimé il y a quelques jours que le retour des captifs était une « priorité ».

Benyamin Netanyahou avait exhorté samedi soir son rival, et néanmoins allié de circonstance, à ne pas démissionner après l’ultimatum lancé par ce dernier. « J’en appelle à Benny Gantz : ne quittez pas le gouvernement d’urgence », avait-il écrit sur X, estimant que l’heure était à « l’unité et non à la division ».

Se réjouissant de la libération des quatre otages, Benny Gantz avait déclaré samedi à la télévision qu’il « ne fallait pas oublier tous les défis auxquels Israël faisait face » alors que le pays mène depuis huit mois une guerre contre le Hamas, et que 116 otages sur les 251 enlevés le 7 octobre  sont toujours retenus à Gaza, dont 41 considérés comme morts par l’armée.

Son parti, l’Union nationale, avait déposé la semaine dernière une proposition de loi pour dissoudre le Parlement israélien, sans grande chance d’aboutir face à la coalition gouvernementale alliant le Likoud, parti de droite de Benyamin Netanyahou, à des partis ultraorthodoxes juifs et des formations d’extrême droite.