L’alliance de gauche du Nouveau Front populaire est sortie en tête du deuxième tour des élections législatives dimanche, devant les macronistes et le Rassemblement national. Voici les cinq chiffres de la soirée.
Ce qu’il faut retenir :
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Avec sa coalition arrivée en deuxième position devant le Rassemblement national, Emmanuel Macron a évité la déroute qui s’annonçait après la dissolution de l’Assemblée.
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Selon les instituts de sondage, la coalition « Ensemble pour la République » composée du parti présidentiel Renaissance, du MoDem, d’Horizons, du Parti radical et de l’UDI recueille de 150 à 180 députés. Les partis d’Emmanuel Macron, François Bayrou et Édouard Philippe conservent leurs groupes à l’Assemblée. Et surprise majeure : les macronistes terminent devant le RN, victime de l’efficacité retrouvée du « front républicain ».
La suite reste cependant à inventer, avec une gauche qui revendique de gouverner, une droite qui refuse l’alliance et des troupes profondément divisées.
Clameur et explosion de joie place de la République ou au siège de campagne des socialistes, militants sous le choc et ambiance éteinte à la soirée électorale du RN… A l’annonce des premières estimations à 20 heures, l’Immense surprise de ce second tour des législatives anticipées a estomaqué tous les Français. Le « front républicain », bâti entre les deux tours de ce scrutin pour limiter la vague RN qui devait déferler dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale semble donc avoir porté ses fruits, après 210 désistements de candidats du camp présidentiel ou de gauche. Voici ce qu’il faut retenir de cette soirée en cinq chiffres.
172 à 215 députés, le Nouveau Front populaire en tête
Les premières estimations qui ne dégagent aucune majorité pour former un gouvernement : l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire est sortie en tête du deuxième tour des élections législatives dimanche, devant les macronistes et le Rassemblement national dont la progression est largement endiguée.
Avec 172 à 215 députés selon les premières estimations des instituts Ifop et Ipsos, le Nouveau front populaire pourrait devenir la première force politique au Palais Bourbon, en progression par rapport aux 151 élus de 2022 sous la bannière de la Nupes. Autre surprise majeure : la résilience du camp macroniste, crédité de 150 à 180 députés. C’est certes 80 à 100 sièges de moins qu’il y a deux ans. Mais le pari de la dissolution lancé par Emmanuel Macron il y a un mois, au soir d’une lourde défaite aux européennes (14,6 %), aurait pu se solder par une déroute bien plus importante.
Au RN, c’est la déception. Certes, le parti à la flamme engrange de nouveaux élus, avec 120 à 152 députés, contre 89 en juin 2022, soit « la percée la plus importante de toute son histoire », a revendiqué Jordan Bardella. Le RN voit s’évaporer le rêve de hisser son jeune patron de 28 ans à Matignon, porté par une majorité absolue qui lui semblait atteignable au soir du premier tour. Une victoire attendue qui devait ouvrir la voie à la conquête du pouvoir pour Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027.
1 démission, celle de Gabriel Attal
Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé dès 21h15 qu’il remettra sa « démission » dès lundi matin au président de la République, précisant qu’il assumerait ses « fonctions longtemps que le devoir le demandera ». Dans son discours, le macroniste de la première heure a précisé ne pas avoir « choisi » cette dissolution, mais avoir « décidé de ne pas la subir ». Même si son parti a obtenu « trois fois plus de députés » qu’annoncé dans certains sondages, Ensemble « ne dispose pas d’une majorité pour gouverner », a encore souligné Gabriel Attal, qu’il resterait à Matignon « aussi longtemps que le devoir l’exigera », dans le contexte des Jeux olympiques. Gabriel Attal a conclu son discours d’analyse du second tour des législatives d’un « rien ne résiste au peuple français ».
59,71 %, une participation record
Le taux de participation a atteint 59,71 % dimanche à 17 heures, du jamais vu depuis 1981, preuve de la mobilisation des Français pour ce scrutin historique. Les Français ne s’étaient plus autant déplacés pour voter depuis les législatives qui avaient suivi l’élection de François Mitterrand à l’Elysée, il y a quarante-trois ans.
La participation finale devait atteindre voire dépasser 67 %, selon les estimations des instituts de sondage Ifop, Ipsos, OpinionWay et Elabe, ce qui serait le taux le plus élevé depuis les dernières législatives anticipées en 1997. Ce seuil avait d’ailleurs déjà été franchi dans les départements du Tarn, de Dordogne, du Finistère et de Seine-Maritime tandis qu’à l’opposé à peine quatre électeurs sur dix se sont déplacés en Seine-Saint-Denis.
25 circonscriptions d’Outre-mer qui s’affirment
Le RN a confirmé sa progression historique dans l’île de La Réunion. Après avoir qualifié ses candidats, pour la plupart peu connus, au second tour dans les sept circonscriptions, il a obtenu une victoire dans la 3e. Joseph Rivière y a battu le candidat du Nouveau Front populaire Alexis Chaussalet. Comme à La Réunion, le RN obtient un député à Mayotte, département le plus pauvre de France : dans la deuxième circonscription, Anchya Bamana a battu le sortant LR Mansour Kamardine avec 53,77 % des suffrages.
La Nouvelle-Calédonie a, elle, envoyé un indépendante à l’Assemblée Emmanuel Tjibaou est devenu dimanche le premier indépendantiste élu député depuis 1986. Enfin, les députés sortants ont été reconduits dans les quatre circonscriptions guadeloupéennes, face notamment aux deux candidats du Rassemblement national, qui avaient réalisé une percée en se qualifiant pour le second tour. En Martinique, le NFP a remporté la mise. Et enfin , en Guyane, c’est le carton plein à gauche. En Polynésie, les législatives ont opposé les autonomistes aux indépendantistes, candidats sortants dans les trois circonscriptions.
3 grands chelems du RN
Ce dimanche pour le second tour des élections législatives malgré des résultats loin de ses attentes avec une troisième place, le RN a réalisé un grand chelem dans l’Yonne. Julien Odoul, porte-parole national du RN, la LR-RN Sophie-Laurence Roy et le député sortant RN Daniel Grenon y ont été élus. Le RN a également remporté tous les sièges des deux départements des Pyrénées-Orientales et de l’Aude, arrivant largement en tête dans les sept circonscriptions.
Dans les Pyrénées-Orientales, où Louis Alliot est le seul maire RN d’une ville de plus de 100.000 habitants en France, à Perpignan, la députée sortante de la 2e circonscription, Anaïs Sabatini, avait été réélue, dès le premier tour. Dans l’Aude, dans la 1ère circonscription, à Carcassonne, Philippe Poutou, triple candidat NPA (Nouveau parti anticapitaliste) à l’élection présidentielle, représentant le NFP, a été largement battu par le député sortant RN, Chistophe Barthès.
En 2022, le parti à la flamme avait réussi quatre grands chelems en remportant toutes les circonscriptions de la Haute-Marne (2), de la Haute-Saône (2), de l’Aude (3) et des Pyrénées-Orientales (4).