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RCA: l’UE reprendra la formation des Faca si elles ne sont pas «employées» par Wagner

Mardi 18 octobre 2016, les personnels de la 1ère compagnie du 3ème bataillon d’infanterie territoriale (3e BIT) des forces armées centrafricaines (FACA) suivent les cours dispensés par les instructeurs de la mission EUTM-RCA au camp Kassaï. Les instructions portent tant sur la formation des hommes : aguerrissement et préparation opérationnelle (parcours d’obstacle, maniement de l’armement, techniques d’intervention opérationnelles rapprochées) que sur celle des cadres : cours de tactique sur caisse à sable, sensibilisation à la sécurité des systèmes d’information… Forte de170 militaires européens, majoritairement issus de l’Eurocorps et placée sous le commandement du général de division Hautecloque-Raisz, la mission EUTM-RCA a pour objectif de conseiller stratégiquement les hautes autorités militaires ainsi que d’assurer l’instruction opérationnelle des soldats des Forces armées centrafricaines (FACA). Avec 80 militaires engagés dans cette mission européenne, la France en est la nation cadre.

C’est ce qu’a annoncé le vice-amiral Hervé Bléjean, directeur général de l’état-major de l’Union européenne, en visite à Bangui, jeudi 3 février. Depuis la mi-décembre, Bruxelles a décidé de suspendre les formations dispensées aux soldats centrafricains en raison « du contrôle exercé par les mercenaires de la société Wagner sur les forces armées » du pays.

L’hymne européen retentit dans l’enceinte du camp Moana. À Bangui, la France passait hier jeudi le commandement de la mission de formation militaire européenne à la Belgique.

La bannière de l’EU passe symboliquement de main en main comme tous les six mois. Mais depuis la mi-décembre, les formations des soldats centrafricains sont suspendues.

« Ce sont des mercenaires »

« L’UE ne peut plus se permettre d’entraîner des unités qui ensuite sont employées par Wagner, a martelé le vice-amiral Hervé Bléjean, directeur général de l’état-major de l’Union européenne. Les 2 500 mercenaires de Wagner qui sont pour certains Russes mais pas seulement, qui peuvent être d’autres nationalités, ne peuvent pas être assimilés à des forces régaliennes de la Russie. Ce sont des mercenaires c’est aussi simple que ça. D’ailleurs, je rappelle que le code pénal russe interdit l’emploi et la création de sociétés militaires privées à partir de mercenaires. Donc il y a une vraie ambiguïté. »

En RCA, comme au Mali, l’influence grandissante de la Russie est source de tensions avec les pays occidentaux. Les membres de cette société militaire privée russe, présente dans plusieurs pays d’Afrique, sont accusés de graves violations des droits de l’homme, notamment par l’ONU.

« Plan national de défense »

Les formations ne reprendront qu’à certaines conditions reprend le vice-amiral Bléjean : « La première condition, c’est d’avoir la garantie que les unités que nous entraînons ne sont pas employées par Wagner mais sont employées dans le cadre régalien de l’emploi de forces armées nationales. La seconde, c’est d’avoir un plan national de défense cohérent et soutenable dans la durée. »

En six ans, l’EUTM a formé plusieurs milliers de militaires centrafricains. Quelque 70 instructeurs ont déjà quitté le pays. Un peu plus d’une centaine d’hommes se concentrent désormais sur le conseil stratégique.