Fierté d’Ankara, les drones de combats turcs dont s’est doté l’Ukraine sont entrés en action aux premières heures de l’invasion russe. Ces appareils performants et relativement bon marché s’étaient avérés déterminants lors des conflits au Nagorny-Karabakh ou en Libye. Quelles sont les caractéristiques du Bayraktar perçu comme étant la « Kalach du 21ème siècle » ?
Kiev dispose d’une vingtaine de Bayraktar, fleurons de l’industrie militaire turque. Le président Recep Tayyip Erdogan en est devenu le meilleur VRP sur la planète, déjà vendus dans une quinzaine de pays dont le Maroc. Son prix ne dépasse pas les 2 millions de dollars.
La « kalach » du 21e siècle
En quelques années, la Turquie a assis la réputation de ses drones sur le marché avec une série de conflits qui lui ont offert autant de vitrines.
Au Nagorny-Karabakh, en novembre 2020, les drones turcs ont contribué à un tournant déterminant au profit de l’Azerbaïdjan face à l’Arménie. En Libye, en 2019, ils ont sauvé le gouvernement d’union nationale (GNA) face aux offensives du maréchal Haftar. Ankara les a aussi utilisés en Syrie, contre les forces de Damas – soutenues par Moscou – à Idleb (nord-ouest) et contre les combattants kurdes du PKK.
« Rusticité, fiabilité, compétitivité » souffle, admiratif, un concurrent occidental sous couvert d’anonymat, pour qui la Turquie a « réinventé la kalach du 21ème siècle » référence à l’universel fusil d’assaut AK47, bon marché et facile d’usage avec ses drones.
Le gendre de Erdogan, père du Bayraktar
Selçuk Bayraktar, formé au MIT de Boston, est l’un des hommes clés du programme industriel qui a vu la naissance du Bayraktar TB2. Il est le gendre de Recep Tayyip Erdogan.
Le Bayraktar TB2 est deux fois moins lourd que le concurrent américain, l’US Reaper. Il fait 6,5 mètres de long. Son envergure dépasse les 12 mètres.
Il est capable de voler jusqu’à 27 heures d’affilée à plus de 220 km/heure, à une altitude opérationnelle de 18.000 à 25.000 pieds, d’après le site du constructeur, Baykar.
Il peut porter quatre munitions intelligentes à guidage laser capable de détruire des véhicules blindés.
« Qu’un drone relativement léger et peu coûteux puisse non seulement éviter, mais détecter et détruire des systèmes de missiles sol-air (SAM) et de guerre électronique, avec peu de pertes en retour » marque « un tournant décisif dans l’histoire de la guerre moderne », estiment les auteurs du blog spécialisé Oryx, Stijn Mitzer et Joost Oliemanseux.
Le drone est devenu un symbole de la résistance ukrainienne face à l’envahisseur russe. Tout comme le missile anti-char américain, le javelin, il a sa propre chanson.
Malgré les accords passés avec le fabricant turc, leur production locale en Ukraine n’a pas démarré, et il est difficile de savoir si d’autres pourront être livrés rapidement. Kiev a utilisé le TB2 pour la première fois en octobre dernier pour faire taire une position d’artillerie séparatiste russe qui visait les troupes ukrainiennes dans le Donbass.