« Rishi Sunak est trop riche pour être Premier ministre. » L’homme dont parlait le quotidien britannique The Time , dans cet article publié au mois d’avril 2022, était alors chancelier de l’Échiquier, l’équivalent du ministre des Finances au Royaume-Uni . Mais depuis, le chef de gouvernement de l’époque, Boris johson a démissionné, Liz Truss qui lui a succédé aussi, et Rishi Sunak a été nommé Premier Ministre par le roi Charles III (qui a entre-temps succédé à sa mère, la reine Elizabeth II, décédée en septembre) le 25 octobre 2022.
Le nouveau chef de gouvernement conservateur est plus riche que le souverain : la fortune du couple qu’il forme avec son épouse, Akshata Murty, s’élèverait à 730 millions de livres sterling, soit 840 millions d’euros. Environ le double de celle de Charles III et de la reine consort Camilla, selon le quotidien local The Guardien …
Pour comprendre les origines de la fortune de Rishi Sunak, il faut d’abord plonger dans son histoire. L’homme de 42 ans, issu d’une famille d’émigrés indiens s’étant établis en Afrique de l’Est puis au Royaume-Uni, est né à Southampton, dans le sud de l’Angleterre. Son père était médecin ; sa mère pharmacienne. Il étudie d’abord au Winchester College, une prestigieuse école privée. Des études que ses parents ont pu financer en épargnant, et en faisant des « sacrifices » financiers, dit l’encyclopédie Britannica.
Ensuite, Rishi Sunak étudie à l’université d’Oxford, un autre établissement d’élite, avant d’intégrer la banque d’investissement Goldman Sachs, où il travaille comme analyste. Après avoir repris des études à l’Université Stanford, aux États-Unis, il retourne dans le monde de la finance, rejoignant plusieurs fonds d’investissement. C’est là, à la City, le cœur financier de Londres, qu’il bâtit une partie de sa fortune, note le quotidien britannique The independent.
Plus riches qu’Elizabeth II
En 2009, Rishi Sunak se marie. Il épouse Akshata Murty, qu’il a rencontrée cinq ans plus tôt en Californie, à Stanford. Femme d’affaires indienne, devenue depuis créatrice de mode, elle est très, très fortunée. Notamment parce qu’elle détient des parts d’une valeur totale de près d’un milliard d’euros d’Infosys, géant indien des technologies co-fondé par son père, N.R. Narayana Murthy.
Résultat, en 2022, le couple fait son entrée dans la liste des personnalités les plus riches du Royaume-Uni dressée par le journal The Sunday Times. Selon ce même média, la fortune du couple était presque deux fois plus élevée que celle de la reine Elisabeth II : 730 millions de livres, donc, contre 370 millions de livres (424 millions d’euros). Toujours selon The Guardian, Akshata Murty détient également « presque autant de propriétés » que l’ex-souveraine britannique…
« Campagne de dénigrement »
Mais avec la fortune vient aussi, parfois, la controverse. En avril, la presse britaninique révèle qu’Akshata Murty, qui vit au Royaume-Uni depuis neuf ans, bénéficie d’un statut fiscal qui lui permet d’éviter d’être taxée sur des revenus perçus à l’étranger… Tout est légal mais cela passe mal dans l’opinion publique, dans un Royaume-Uni durement touché par l’inflation, et alors que son mari est ministre des Finances – un poste qu’il a occupé de février 2020 à juillet 2022.
Rishi Sunak dénonce une « campagne de dénigrement » et son épouse décide ensuite de domicilier ses revenus outre-Manche. « Je le fais parce que je le souhaite, non pas parce que la réglementation m’y oblige », déclare-t-elle à l’époque dans des propos rapportés par l’Agence France-Presse (AFP).
Tous ces éléments expliquent pourquoi les médias britanniques s’interrogent régulièrement sur la fortune de celui qui a été élu député une premiere fois en 2015. De nombreux commentateurs se demandant si avec un tel patrimoine, il n’est justement pas « trop riche » pour prendre la tête du gouvernement et bien percevoir les difficultés financières que rencontrent beaucoup d’habitants du pays.
« Dans l’ensemble, les Britanniques ne pensent pas qu’être riche soit une mauvaise chose ou vous disqualifie [en politique, NdlR], estime Robert Ford, professeur de science politique à l’université de Manchester, interrogé par le quotidien américain The Washington Post. Beaucoup de personnalités très riches sont populaires, parmi le grand public. En revanche, ce qui embête les gens, ce sont les riches qui fixent des règles pour eux-mêmes. […] Les gens se disent que ça ne les dérange pas [qu’une personnalité fortunée occupe des responsabilités politiques, NdlR] tant qu’elle paie ses impôts. En revanche, cela les agace vraiment quand elles ne le font pas. »