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Manifestations en Chine : Des étudiants autorisés à rentrer chez eux, les cours et les examens de fin d’année se tiendront en ligne

Protesters hold up blank papers and chant slogans as they march in protest in Beijing, Sunday, Nov. 27, 2022. Protesters angered by strict anti-virus measures called for China's powerful leader to resign, an unprecedented rebuke as authorities in at least eight cities struggled to suppress demonstrations Sunday that represent a rare direct challenge to the ruling Communist Party. (AP Photo/Ng Han Guan)

Les étudiants devaient jusque-là rester sur le campus. Leurs cours et les examens de fin d’année se tiendront en ligne. Après un week-end de mobilisation, la forte présence policière dans plusieurs grandes villes empêchait mardi de nouveaux mouvements.

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Deux jours après des manifestations inédites dans plusieurs villes de Chine, et alors que de nombreux policiers ont été déployés pour éviter de nouveaux rassemblements, des étudiants ont été autorisés mardi 29 novembre à rentrer chez eux. Cette décision pourrait être le signe du début de l’allégement des restrictions sanitaires, après presque trois ans d’une politique « zéro Covid ».

L’université Tsinghua, dans laquelle le président chinois, Xi Jinping, a étudié et qui fut le théâtre dimanche d’une manifestation, ainsi que d’autres établissements scolaires de Pékin et de la province du Guangdong ont assuré qu’ils protégeaient leurs étudiants du Covid-19 en les gardant dans les murs. Toutefois, les renvoyer chez eux est un moyen d’éviter qu’ils manifestent à nouveau.

Les cours et les examens de fin d’année se poursuivront à distance, en ligne. Des universités ont affrété des cars pour déposer les étudiants à la gare, et des tests ont été pratiqués avant leur départ. La Chine, qui a imposé depuis presque trois ans une politique « zéro Covid », faisant subir aux habitants des confinements à répétition, connaît un nouveau pic d’infections au Covid-19 ces dernières semaines.

Forte présence policière à Pékin et Shanghaï

C’est contre cette politique – et par extension contre le manque de liberté – que de nombreux manifestants se sont réunis samedi et dimanche dans au moins huit villes à travers la Chine. Il s’agit du mouvement de contestation le plus étendu depuis les mobilisations prodémocratie de 1989. Mardi, la présence policière restait forte à Pékin et Shanghaï pour empêcher de nouveaux rassemblements.

Une manifestation contre la politique « zéro Covid », le 27 novembre 2022, à Pékin.

L’élément déclencheur a été la survenue d’un incendie mortel la semaine dernière à Urumqi, capitale de la région du Xinjiang (nord-ouest). Les restrictions sanitaires sont accusées d’avoir empêché le travail des secours, des arguments balayés lundi par le gouvernement. Plusieurs manifestations étaient prévues lundi soir, mais n’ont pas eu lieu, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. Des manifestants ont dit avoir reçu des appels de la police, qui les a interrogés sur leur présence aux rassemblements les jours précédents.

A Shanghaï, près de l’endroit où la foule avait exigé dimanche la démission du président, Xi Jinping, les employés des bars du quartier ont affirmé avoir reçu l’ordre de fermer à 22 heures en raison d’un « contrôle de l’épidémie ». Des groupes d’agents se tenaient aux abords de chaque sortie de métro. Dans la journée de lundi, au moins quatre personnes ont été arrêtées, et un reporter a dénombré douze voitures de police stationnées dans un rayon de 100 mètres autour de la rue Urumqi, épicentre des manifestations de Shanghaï dimanche.

« Ne détournez pas le regard, n’oubliez pas ! »

Lundi à Pékin, le déploiement de policiers en voiture et à pied, avec l’aide d’un réseau de caméras de surveillance, a également découragé tout nouveau rassemblement. Certains ont toutefois réussi à se réunir, notamment à HongKong – secoué en 2019 par des manifestations prodémocratie violemment réprimées – où des dizaines de personnes ont rendu hommage, à l’Université chinoise, aux victimes de l’incendie d’Urumqi. « Ne détournez pas le regard, n’oubliez pas ! », ont-elles scandé.

Et à Hangzhou, ville située à environ 170 kilomètres au sud-ouest de Shanghaï, les forces de sécurité étaient également visibles, tandis que de petites manifestations éclataient, selon des images circulant sur les réseaux sociaux et dont certaines ont été géolocalisées par l’AFP. Le contrôle strict des autorités chinoises de l’information et les restrictions sanitaires concernant les voyages à l’intérieur du pays compliquent la vérification du nombre total de manifestants durant le week-end.

Mais un soulèvement aussi étendu est rarissime en Chine, compte tenu de la répression contre toute forme d’opposition au gouvernement. Il a immédiatement suscité l’attention de la communauté internationale. Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a dit se tenir « informé de ce qui se passe » de « près ». Un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Jeremy Laurence, a appelé « les autorités à répondre aux manifestations conformément aux lois et normes internationales relatives aux droits humains ».

Accélération de la vaccination des personnes âgées

Si les autorités chinoises maintiennent pour l’instant leur stricte politique, assurant que son « combat contre le Covid-19 est une réussite », quelques gestes d’assouplissement sont apparus ces derniers jours. Outre le retour des étudiants chez eux, les habitants d’Urumqi peuvent à nouveau, depuis mardi, se déplacer en bus pour faire leurs courses, après des semaines de confinement dans cette ville de quatre millions d’habitants.

A Pékin, les autorités se sont excusées pour les retards dans les livraisons, alors que la demande pour les courses en ligne a explosé avec la multiplication des confinements, selon les médias d’Etat. La ville a interdit « la pratique consistant à bloquer les portes des bâtiments dans les complexes résidentiels fermés », a dit l’agence de presse Chine Nouvelle, un procédé qui a alimenté la colère populaire.

Pékin a également annoncé mardi qu’elle allait accélérer la campagne de vaccination des personnes âgées contre le Covid-19. La Commission nationale de la santé s’est engagée, dans un avis, à « accélérer la hausse du taux de vaccination des personnes âgées de plus de 80 ans et à continuer d’augmenter le taux de vaccination des personnes âgées de 60 à 79 ans ».