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Guerre Israël-Hamas : Ce Que l’on Sait de l’Aide Humanitaire Annoncée Pour Gaza

Israeli tanks are transported along a road near Ashkelon, southern Israel, Monday, Oct. 9, 2023. The militant Hamas rulers of the Gaza Strip carried out an unprecedented, multi-front attack on Israel at daybreak Saturday, firing thousands of rockets as dozens of Hamas fighters infiltrated the heavily fortified border in several locations, killing hundreds and taking captives. Palestinian health officials reported scores of deaths from Israeli airstrikes in Gaza. (AP Photo/Tsafrir Abayov)/XOB103/23282320296730//2310091100

Le président américain et son homologue égyptien ont assuré mercredi que le poste-frontière de Rafah allait pouvoir ouvrir pour laisser passer un premier convoi d’aide humanitaire. Israël a également donné son feu vert.

Un premier espoir avait été douché lundi. Il est un peu plus consistant cette fois. Le président américain, Joe Biden, et son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, ont annoncé mercredi soir l’entrée d’un premier convoi d’aide humanitaire dans la bande de Gaza via le poste-frontière de Rafah. Israël a, de son côté, assuré qu’il ne s’opposerait pas à l’arrivée de l’aide dans l’enclave depuis l’Egypte.

Mais la fourniture tant attendue d’eau, de nourriture et de médicaments n’aura pas lieu avant vendredi, en raison de contraintes techniques.

Quand va entrer l’aide ?

La volonté de faire entrer l’aide humanitaire dans la bande de Gaza se heurte à une réalité purement matérielle : une partie des routes ont été détruites par les bombardements israéliens qui ont eu lieu près du poste-frontière la semaine dernière et au début de celle-ci. Des travaux sont donc nécessaires avant d’espérer faire passer les camions tant attendus.

Le passage de l’aide « requiert de l’organisation », a mis en garde le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri. « Ils doivent combler les nids-de-poule pour faire passer ces camions », a annoncé Joe Biden mercredi soir, précisant que cela devrait prendre « à peu près huit heures » ce jeudi.

D’ailleurs, mercredi soir, les files de camions d’aide qui attendent dans le Sinai égyptien  n’avaient pas bougé des abords du terminal, toujours fermé, selon des témoins.

Des files de camions attendent de pouvoir entrer dans la bande de Gaza. REUTERS/Stringer/File Photo
Des files de camions attendent de pouvoir entrer dans la bande de Gaza. REUTERS

Pourquoi seulement maintenant ?

La venue de Joe Biden en Israël  mercredi semble avoir permis d’accélérer les discussions. Une ouverture avait été évoquée lundi sans avoir lieu. La journée s’était d’ailleurs soldée par de nouveaux bombardements israéliens autour du point de passage. Cette fois, le feu vert vient, selon la présidence américaine, d’Israël d’une part, et du président égyptien de l’autre.

Le passage de Rafah est le seul de l’enclave à ne pas être contrôlé par Israël, qui a imposé un siège complet sur la bande de Gaza après l’attaque du Hamas sur son territoire, attaque qui a fait plus de 14 00 morts dont une majorité de civils. L’arrivée de l’aide devient vitale, selon l’Organisation mondiale de la santé, alors qu’une véritable catastrophe humanitaire menace de toucher le territoire , privé d’eau, d’électricité et d’essence – qui permet normalement d’alimenter les générateurs de secours.

Combien de camions pourront passer ?

Les négociations portaient sur l’entrée d’un premier convoi. Selon les déclarations américaines, Joe Biden a, pour l’heure, réussi à négocier de « laisser jusqu’à 20 camions traverser ». Le porte-parole de la présidence égyptienne a annoncé, de son côté, qu’Abdel Fattah al-Sissi et son homologue américain avaient convenu, lors d’un entretien téléphonique mercredi soir, l’ouverture d’un « acheminement de l’aide humanitaire (…) de manière durable ».

« Nous voulons faire passer autant de camions que possible. Il y en a, je crois 150 environ », a précisé le président Biden. Tout en indiquant que l’entrée d’un second convoi dépendrait de « comment se passe » la distribution du premier. Des dizaines de camions attendent depuis plusieurs jours en Égypte de pouvoir entrer dans l’enclave.

Israël, qui a placé la bande de Gaza en état de siège total après l’attaque du 7 octobre, a assuré qu’elle n’empêcherait pas l’entrée d’aide humanitaire depuis l’Égypte tant qu’il ne s’agit que « de nourriture, d’eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza ».

Est-ce suffisant ?

Avant le début de la guerre, déclenchée par le Hamas lors de son incursion meurtrière en Israël le 7 octobre, la bande de Gaza recevait une centaine de camions d’aide par jour, a fait savoir sur CNN Martin Griffiths, le coordinateur des Nations unies pour les Affaires humanitaires. Car l’enclave était déjà soumise par Israël à un blocus terrestre maritime et aérien  depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Selon le chef des situations humanitaires d’urgence aux Nations unies, il faudrait donc à nouveau une aide « conséquente », de l’ordre de 100 camions par jour. Bien loin des 20 camions autorisés à rentrer pour le moment. « Nous devons pouvoir avoir l’assurance que nous pouvons intervenir à grande échelle chaque jour, de manière délibérée, répétitive et fiable », a réclamé Martin Griffiths.

Comment l’aide va-t-elle être distribuée dans l’enclave ?

C’est l’une des principales questions, au vu des bombardements réguliers qui touchent le territoire, mais aussi de la mainmise du Hamas qui a pris le pouvoir dans l’enclave en 2007.

Selon Martin Griffiths, le coordinateur des Nations unies pour les Affaires humanitaires, les 14 000 employés de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) seront en mesure de distribuer l’aide. Mais il leur faut, pour cela, « être en mesure d’atteindre les gens en toute sécurité », a-t-il plaidé, rappelant que le droit humanitaire international fait l’obligation aux organisations humanitaires de fournir de l’aide là où les gens s’estiment être en sécurité.

Si le Hamas venait à s’emparer des camions d’aide ou à les empêcher de passer, « alors ce sera fini », a prévenu Joe Biden. Le coordinateur de l’ONU pour les Affaires humanitaires a fait savoir que les Nations Unies s’assureraient que l’aide ira uniquement aux civils et non au mouvement islamiste Hamas qui contrôle Gaza.